
En introduction, Marcel Winter, co-président de swisscleantech, a clairement indiqué quels étaient les enjeux du point de vue de l’association : « Nous, les entreprises ayant une activité climat compatible, nous interviendrons pour empêcher les reculs prévus par le Conseil fédéral sur la politique climatique. La suppression du Programme Bâtiments ou l’abolition de la valeur locative ne sont que quelques exemples qui menacent la réalisation de l’objectif zéro net de la Suisse. » Le travail de swisscleantech en faveur de cadres réglementaires stables, qui donnent aux entreprises une sécurité de planification et d’investissement, est d’autant plus important.
Une enquête menée auprès des adhérents de swisscleantech a également montré que si les incertitudes réglementaires nationales et internationales sont une source de préoccupation, l’engagement des entreprises reste fort. Fabian Etter, co-président de swisscleantech, l’a expliqué : « 86 % des entreprises interrogées maintiennent les objectifs qu’elles se sont fixés, voire même les relèvent. En même temps, il faut aussi des incitations afin qu’il y ait plus de demande sur les produits et services respectueux du climat. » Un prix du CO2 plus élevé ou le renforcement des critères de durabilité dans les marchés publics sont des leviers sur lesquels swisscleantech travaille pour accroître cette demande.
La responsabilité des politiques
Ces demandes des adhérents de swisscleantech ont été au centre du débat entre Jürg Grossen (conseiller national Verts’libéraux), Marionna Schlatter (conseillère nationale Les VERT-E-S) et Susanne Vincenz-Stauffacher (conseillère nationale PLR et membre du Comité directeur de swisscleantech), consacré aux questions au cœur de l’actualité de la politique énergétique et climatique. Il est apparu rapidement que les membres du panel n’étaient pas d’accord par exemple sur le bon équilibre entre les subventions et les taxes incitatives dans la politique climatique ou sur la pesée des intérêts de protection et d’utilisation dans le cadre du développement des énergies renouvelables. Il est néanmoins ressorti clairement de la discussion que ce ne serait pas avec des solutions simples qu’on maîtriserait des défis politiques aussi complexes que l’objectif zéro net. De gauche à droite, chacun doit être prêt à modérer ses exigences et à rechercher des compromis, par exemple pour avancer enfin dans le développement d’installations de production d’électricité assurant l’approvisionnement en hiver.
Maintenir l’objectif zéro net même dans des temps géopolitiquement difficiles
Julia Binder, directrice de l’IMD Center for Sustainable and Inclusive Business, a expliqué au début de son intervention qu’il était important, en particulier dans des temps géopolitiquement difficiles, de continuer à aller résolument vers zéro net : par le passé, beaucoup d’entreprises ont annoncé des objectifs climatiques, mais elles n’ont pas investi assez dans leur mise en œuvre. L’environnement économique et géopolitique actuel a conduit, de la part des entreprises, à un réalisme accru dans la mise en œuvre de leurs mesures de protection du climat ; cela renforce la crédibilité de l’économie et ses objectifs climatiques.
La discussion avec Gustav Baldinger, CEO de PwC Switzerland, et Flavia Zimmermann, responsable durabilité de Siemens Suisse, a permis d’examiner ce qui était nécessaire pour que le climat reste une priorité de l’économie. Il est essentiel que la gestion des entreprises soit axée sur des objectifs de long terme et qu’il y ait plus de coopérations avec les fournisseurs et les clients. Parallèlement, les participants au panel ont insisté sur la nécessité de mettre davantage en évidence le lien entre l’objectif zéro net et la résilience, la sécurité énergétique et la compétitivité. Par exemple, le renforcement de l’économie circulaire peut réduire la dépendance vis-à-vis des terres rares et d’autres matières premières, ce qui est primordial en Suisse, pays pauvre en matières premières.
Développement significatif des énergies renouvelables et intégration dans le marché européen de l’électricité
Christian Zeyer, co-directeur de swisscleantech, s’est risqué à faire un bilan imaginaire de l’année 2025. Il est parvenu à la conclusion que les fondements permettant de réussir la mise en œuvre de la décarbonation de l’économie ont été posés dans les années 2020 : les outils techniques nécessaires à une électrification étendue ont été mis en place au cours de ces années, mais ils doivent continuer d’être développés si nous voulons atteindre les objectifs. Un développement accéléré des énergies renouvelables conformément à la loi sur l’électricité acceptée en 2024 et l’intégration complète dans le marché européen de l’électricité sont indispensables pour y parvenir.
Les adhérents de swisscleantech travaillent ensemble et font avancer l’innovation
Les nombreuses entreprises qui ont présenté leurs solutions et leurs innovations au cours du Dialogue swisscleantech 2025 ont également prouvé que cette vision positive de l’avenir était fondée. Le WWF et Lidl, comme beaucoup d’autres, ont montré comment leur coopération a permis de faire progresser la réalisation des objectifs climatiques de Lidl, par exemple avec l’interdiction du fret aérien pour les fruits et légumes ou la sensibilisation des clientes et clients. D’autres approches innovantes et encore peu connues ont été présentées, notamment la création de centrales électriques virtuelles par le regroupement d’installations photovoltaïques par Helion, la construction d’une infrastructure logistique pour le CO2 par CO2-Pipeline AG ou le recyclage de déchets nucléaires par Transmutex.