Politique climatique suisse compatible avec le rapport 1,5°C du GIEC


La Suisse peut réduire ses émissions de CO2sur son territoire de 48 % d’ici 2030. C’est ce que montre une nouvelle étude d’econcept.

En étant signataire de l’Accord de Paris sur le climat, la Suisse a approuvé l’objectif visant à contenir le réchauffement global nettement en dessous de 2°C. Le rapport spécial du GIEC publié en octobre («Rapport 1,5°C») décrit les efforts nécessaires pour éviter un impact majeur sur le climat. Concrètement, les émissions globales de CO2doivent être baissées de 45% d’ici 2030 par rapport à 1990 et réduites à «zéro nette» d’ici 2050.

L’étude réalisée par l’entreprise de recherche econcept à la demande de swisscleantech montre qu’un objectif national suisse de moins 30 % n’est pas suffisamment ambitieux. Si l’on poursuit la tendance actuelle, on parviendra déjà à une réduction de 29 % d’ici 2030 (scénario PPA = poursuite de la politique énergétique actuelle). Le rapport montre aussi qu’en Suisse une réduction nationale de moins 48 % d’ici 2030 serait faisable techniquement et présenterait des avantages pour l’économie (scénarioParis<2).

Evolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur en Suisse entre 1990 et 2016, prévisions pour 2030 pour les scénarios PPA (« Poursuite de la politique énergétique actuelle ») et PARIS<2. Source: econcept (OFEV, calculs de l’auteur)

L’étude d’econcept montre que le premier potentiel de la Suisse réside dans les bâtiments et les transports. Dans ces secteurs, la Suisse fait partie des pays ayant les émissions par tête les plus élevées en Europe. De nombreux Etats de l’UE ont adopté des objectifs ambitieux dans ces secteurs bien que leurs émissions par tête soient déjà plus basses. C’est le cas notamment de l’Allemagne: dans les secteurs du bâtiment et des transports, ses objectifs sont nettement plus ambitieux que ceux de la Suisse alors que dans le même temps le pays doit sortir du charbon pour sa production d’électricité.

Des pays européens puissants économiquement comme l’Allemagne, la Suède, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, se sont déjà fixé des objectifs de réduction nationaux très élevés de 49-55% et ont pour certains déjà adopté les mesures nécessaires. L’UE a elle aussi des objectifs de réduction nettement plus élevés, et des démarches sont en cours pour relever l’objectif climatique à moins 55%.

L’étude met en garde: si la Suisse attend, elle devra renforcer ses objectifs climatiques plus tard. Cela augmentera d’autant le risque que soient engagés des investissements inappropriés dans des infrastructures et technologies à forte intensité de CO2et que soient imposés, après 2030, des changements structurels dans des délais plus brefs, avec un coût plus élevé.

Les avantages attendus pour les entreprises et l’innovation suisses d’une position de pionnier dans les technologies respectueuses du climat dépendent de notre capacité à mettre en œuvre une politique climatique ambitieuse.

 

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