swisscleantech soutient l’initiative pour une eau potable propre


L’initiative pour une eau potable propre aborde les enjeux écologiques dans le secteur de l’agriculture avec des incitations libérales et efficaces. C’est la raison pour laquelle swisscleantech soutient cette initiative mais rejette l’initiative réclamant l’interdiction des pesticides. C’est la décision qui a été prise lors de la réunion du Comité directeur en février.

Bildquelle: Verein Sauberes Wasser für alle

Les produits phytosanitaires sont largement utilisés dans la production agricole. En Suisse, il en est vendu plus de 2000 tonnes par an, la majeure partie étant constituée de fongicides et d’herbicides. Bien que le Conseil fédéral définisse par la loi des valeurs limites pour les produits phytosanitaires, celles-ci sont souvent dépassées, et cela entraîne des coûts et cause des dommages d’ores et déjà considérables dans l’approvisionnement en eau potable, pour la santé, la biodiversité et le climat. Parallèlement, 95 % des émissions d’ammoniac sont générées par l’agriculture, dont 90 % par l’élevage. L’ammoniac acidifie les sols et pollue les eaux et notamment l’eau potable. L’agriculture suisse est également à l’origine d’environ 13 % des émissions de gaz à effet de serre de notre pays. 80 % des émissions de protoxyde d’azote et 83 % des émissions de méthane proviennent de l’agriculture. Les engrais azotés utilisés sur les surfaces agricoles en sont les principaux responsables.

Il faut agir pour rendre l’agriculture plus durable. Deux initiatives populaires ont été déposées en ce sens : l’initiative pour une eau potable propre et l’initiative pour l’interdiction des pesticides, cette dernière étant nettement plus restrictive. Comme aucune solution bénéficiant d’un large soutien, viable et efficace pour rendre l’agriculture plus durable n’a émergé au Parlement ces derniers mois, swisscleantech a décidé de soutenir l’initiative pour une eau potable propre.

L’initiative pour une eau potable propre en bref

L’initiative populaire fédérale « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique » (initiative pour une eau potable propre) a été déposée en 2018 par un comité de citoyen·nes apolitique. Ce comité est soutenu notamment par l’Arbeitsgemeinschaft Wasserwerke Bodensee-Rhein, la Société Suisse de l’Industrie du Gaz et des Eaux (SSIGE), la Fondation pour la protection des consommateurs, diverses organisations environnementales et des particuliers membres de différents partis.

En cas d’acceptation de l’initiative, après un délai transitoire de 8 ans, seules seraient soutenues par des paiements directs et des subventions, les exploitations agricoles remplissant les conditions suivantes :

  • Abandon de l’utilisation des pesticides qui sont utilisés jusqu’à présent dans l’agriculture conventionnelle
  • Abandon de l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique dans l’élevage
  • La taille des cheptels doit permettre de nourrir les animaux sans importations d’aliments du bétail.

L’initiative pour une eau potable propre veut aussi obliger la Confédération à orienter la recherche, la vulgarisation et la formation agricoles vers une production d’aliments sans pesticides et à investir dans ces secteurs.

Quels sont les arguments qui plaident en faveur de l’initiative pour une eau potable propre ?

  • L’utilisation des produits phytosanitaires et des pesticides génère déjà des coûts très importants (achat et utilisation des produits, coûts sanitaires, coûts liés aux dommages causés aux écosystèmes, coûts liés à la réglementation etc.).
  • Il est évident qu’il faut agir : les petits cours d’eau et plans d’eau présentent déjà des concentrations trop élevées d’herbicides, de fongicides et d’insecticides.
  • Les mesures qui auraient dû être mises en œuvre dans le cadre de la PA22+ seront probablement suspendues. Selon toute probabilité, l’initiative parlementaire 19.475 n’offrira pas non plus de solution viable.
  • Les subventions qui ont un impact négatif sur le climat et l’environnement seraient réduites et supprimées. L’acceptation de l’initiative créerait une incitation pour rendre l’agriculture plus durable et plus rentable.
  • Pour produire une calorie alimentaire, l’agriculture suisse importe deux calories. La réorientation des subventions publiques vers une production d’aliments sans pesticides pourrait alors réduire la dépendance de la Suisse vis-à-vis de l’étranger.
  • En raison de l’importance des cheptels, les agriculteurs suisses dépensent en moyenne jusqu’à 1,5 milliard de CHF par an pour l’achat d’aliments du bétail (soit près de 30 000 CHF par exploitation et par an).
  • De nouvelles opportunités de marché pourraient être exploitées, des méthodes alternatives visant à réduire l’utilisation des pesticides dans l’agriculture pourraient s’imposer plus facilement (par ex. culture de variétés résistantes aux maladies, optimisation des méthodes de culture pour favoriser les auxiliaires utiles, meilleure rotation des cultures ou élimination mécanique des mauvaises herbes).

L’initiative pour l’interdiction des pesticides en bref

L’initiative « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » a été déposée en 2018 par le groupe de citoyens apolitique Future 3.0 de Neuchâtel. Elle va beaucoup plus loin que l’initiative pour une eau potable propre et est soutenue par quelques petites organisations, notamment la Fédération Suisse de Pêche, et des particuliers.

Elle réclame l’interdiction des pesticides de synthèse dans la production agricole, dans la transformation des produits agricoles et l’entretien du territoire. L’importation de denrées alimentaires qui ont été produites avec des pesticides de synthèse ou qui en contiennent doit également être interdite. Pour sortir de l’utilisation des pesticides, les auteurs de l’initiative prévoient une période de transition de dix ans.

Quels sont les arguments qui s’opposent à l’initiative pour l’interdiction des pesticides ?

  • Les problèmes sont identifiés, des mesures doivent être mises en œuvre pour améliorer la situation dans la cadre du Plan d’action Produits phytosanitaires et de la PA22+
  • Conséquences considérables et contreproductives pour l’agriculture suisse, l’industrie agroalimentaire et la sécurité alimentaire, car
  • il y a un manque de moyens efficaces pour protéger les cultures et récoltes agricoles
    • il faudrait s’attendre à une hausse des coûts de production et un renchérissement des denrées alimentaires qui encourageraient le tourisme de consommation.

 

Veuillez trouver toutes les informations dans notre document de position (en allemand).